l'horloge de la gare de Chartres

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samedi 3 mai 2008

5. La Maison des petits bonheurs, de Colette Vivier













Celui-là fait partie des livres dont personne ne vous a jamais parlé et qu'on découvre seul à la bibliothèque. Qu'on emprunte, et qu'on emprunte encore, au moins dix fois (à l'époque, il n'est plus réédité depuis longtemps et il faudra attendre le début des années 2000 pour qu'on puisse à nouveau le trouver dans les librairies).













(voilà sa couverture actuelle, désolée pour les cadres blancs)

La section jeunessse de la bibliothèque de Saint-Germain-en Laye où nous vivons maintenant en possède au moins trois exemplaires dans la collection Rouge et Or, serrés sur une étagère du haut : il est rarement indisponible. Un coup de blues ? Il suffit de descendre trois étages, traverser le centre-ville, passer devant le château (qui n'a plus rien de rouge...), prendre par le parc et voilà : on récupère ce journal intime d'une parisienne de 11 ans, Aline, qui vit avec ses parents, sa soeur et son frère dans un quartier populaire. Ce que j'aime dans ce livre est sans doute en rapport avec ce Paris perdu (Saint-Germain n'est aimable qu'aux riches, l'évidence se fait au fil des années), même s'il est paru en 1939 : dans l'immeuble d'Aline règne une solidarité évidente, une joie de vivre, une envie de faire la fête dès que l'occasion se présente. Jusqu'à l'arrivée de sa tante, la mesquine Mimi, qui remplace un temps sa mère et dresse plus ou moins les voisins les uns contre les autres, on danse, on mange, le ton monte vite mais on se file des coups de main. Tout se passe d'un palier à l'autre, avec une incursion, de temps à autres, à l'école et dans la cour du charbonnier. On ne voit jamais, contrairement à ce que laisse croire cette couverture-là du livre, la moindre tour Eiffel à l'horizon.













(par contre la fenêtre, son grincement, en particulier, a une certaine importance)

C'est aussi, exceptée la série des Heidi, le premier livre écrit par une femme, dont l'héroïne est une petite fille, qui compte pour moi. Jamais aimé la comtesse de Ségur, par exemple. Et si j'ai lu des Alice (ce qui m'a permis de savoir ce qu'était un avoué, un cabriolet, et ce que signifiait être assis sur son séant - mais sur quoi d'autre peut-on s'asseoir ?), ils n'ont jamais eu cet impact. Il faut dire qu'Aline détonne : pas très jolie, pas très douée en classe, autonome, généreuse.

Une dernière chose : le père d'Aline est menuisier, il fabrique des bibliothèques sur mesure.

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