l'horloge de la gare de Chartres

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mardi 7 mai 2013

la Photographie

"Dans la Photographie, la présence de la chose (à un certain moment passé) n'est jamais métaphorique ; et pour ce qui est des êtres animés, sa vie non plus, sauf à photographier des cadavres ; et encore : si la photographie devient alors horrible, c'est parce qu'elle certifie, si l'on peut dire, que le cadavre est vivant, en tant que cadavre : c'est l'image vivante d'une chose morte. Car l'immobilité de la photo est comme le résultat d'une confusion perverse entre deux concepts : le Réel et le Vivant : en attestant que l'objet a été réel, elle induit subrepticement à croire qu'il est vivant, à cause de ce leurre qui nous fait attribuer au Réel une valeur absolument supérieure, comme éternelle ; mais en déportant ce réel vers le passé ("ça a été"), elle suggère qu'il est déjà mort. Ainsi vaut-il mieux dire que le trait inimitable de la Photographie (son noème), c'est que quelqu'un a vu le référent (même s'il s'agit d'objets) en chair et en os, ou encore en personne."

Roland Barthes, La Chambre claire
matériau pour Décor Daguerre

3 commentaires:

Anonyme a dit…

On voit que Barthes,, d'une certaine manière, n'a jamais rien photographié de sa vie (ou de sa mort : de sa propre mort)(la difficulté du narcissisme blessé). Si un cadavre avait été photographié (par lui), il n'en aurait pas été moins mort.
Il dit (écrit) (mortellement neutre) (inutilement inhumain) : "la photographie c'est l'image vivante d'une chose morte". On pourrait alors lui renvoyer directement au visage : "la photographie c'est l'image morte d'une chose vivante". Mais, malheureusement, il n'est plus. Ne nous restent que ses mots. Et des photos de lui. Il était vivant. C'est ce que c'est, c'est ça, la vie.
Il dit "ça a été" mais que fait-il des retouches ? Ca a été aussi peut-être ? Non, il se trompe, il se (et voudrait nous) leurre(r). Le trait inimitable de la photographie, c'est qu'elle tente d'arrêter le temps, et de la capturer : inutilement; inhumainement. Sans aucune chance d'y arriver. C'est pour ça qu'on l'aime. Bises

Anonyme a dit…

Je suis plutôt d'accord avec Barthes qu'avec Anonyme 1 (Anonyme 2 devrait réparer son traducteur automatique), qui n'a peut-être jamais photographié de cadavre pour en constater l'horrible saisie, l'insupportable permanence dans un monde où l'on souhaiterait peut-être simplement que ce qui est vivant soit réellement vivant.

Le trait inimitable de la Photographie, c'est qu'elle témoigne pour le témoin.

JS.

Anne a dit…

J'ai supprimé Anonyme 2 et crois que je vais devoir fermer les commentaires de ce blog, vu ce que devient le spam... Désolée pour vous deux, qui êtes tombés dessus. Du coup je n'arrive même pas à vous répondre...
(de la violence de l'irruption)